Le FOREX est dangereux c’est désormais une certitude
Au lendemain du krach monétaire sur le franc Suisse, les victimes commencent à se faire connaître.
Revenons sur les faits : En 2011, la banque centrale de Suisse déclare protéger sa monnaie contre une évaluation qu’elle trouve injustifiée, elle fixe donc une valeur plancher de la paire de devises EUR-CHF à 1.20. Cette décision est censée protéger l’industrie Suisse d’une trop forte évaluation de sa monnaie, ce qui a pour effet de préserver sa compétitivité à l’export. Pendant quelques années donc, une stratégie dite de “PEG” consiste à se placer à l’achat juste au-dessus de ce plancher, protégé par la banque Suisse à la baisse, en attendant des phases de hausse, ou en encaissant un différentiel de taux tous les soirs en carry trading. On parle alors d’argent facile, et beaucoup d’investisseurs dont votre humble narrateur profitent de cette configuration inespérée, et effectivement, les plus-values sont au rendez-vous. Cette situation dure, puis en Septembre 2012, la paire de devises redécolle, avec encore des PV au rendez-vous, mais la stratégie du PEG n’est plus applicable en l’état.
En novembre 2014, les cours reviennent sur ce support, ravivant les souvenirs de grand nombre d’investisseurs à appliquer cette stratégie si rentable, mais les temps ont changé…
Premier indice, je reçois un message de mon courtier ActivTrades m’indiquant que les marges augmentent fortement sur la paire de devises EUR-CHF, de plus je constate que le roll-over positif n’existe plus. Etant en contact régulier avec les représentants de ce courtier, je décide de me renseigner en direct des raisons qui le poussent à agir de la sorte. La réponse est surprenante : Nous anticipons une cassure du plancher des 1.20, ce qui conduirait à un risque accru pour nos investisseurs. Puis arrive un autre message : Le trading sur la paire de devises EUR-CHF est suspendu, les risques devenant trop importants, avant d’être à nouveau autorisé avec des marges augmentées, ce qui a pour effet de réduire fortement le levier. C’est totalement dissuasif, je reste donc à l’écart.
Étant analyste je suis amené à alimenter le mur Facebook d’ActivTrades en analyses techniques sous forme d’alertes journalières, et un jour, je commet la faute inacceptable de diffuser une analyse sur cette paire de devises, ou j’écris en substance que le plancher est atteint, et que la Banque Nationale Suisse devrait protéger ce plancher des 1.20 comme il l’a déjà fait par le passé. Inacceptable selon la direction, qui supprime le post, et à ce moment, je pense n’être pas loin de la sortie (j’ai passé un sale quart d’heure, autant le dire)…
Tout se précipite ce jeudi 15 Janvier, la BNS (qui n’a rien à voir avec le brevet national de secourisme sur ce coup) annonce l’abandon du taux plancher des 1.20, et en quelques minutes, c’est le black-out. La paire de devises ne cote plus, non pas par volonté du broker, mais par absence totale de contrepartie. Sur le coup, je ne mesure pas trop la portée des événements qui sont en train de se jouer, de plus mon attention est portée sur un short EUR-USD en cours en grosse plus-value que j’observe avec un ami trader sur skype. Malheureusement, la plus-value se dégonfle, et je suis sorti au point d’entrée, idem sur le CAC 40 après un joli gain latent, mais ça va tellement vite qu’il est difficile d’agir, d’autant que je ne trouve pas l’info tout de suite, et lorsque mon interlocuteur me dit “ça vient de Suisse” je comprends tout de suite, j’affiche le graphe EUR-CHF, et je constate le désastre…
Heureusement, je n’étais pas placé sur ce cross de devises, mon courtier ActivTrades avait fortement augmenté les marges sur les paires en CHF. Je fais le tour des divers sites que je fréquente parfois, et je commence à comprendre l’étendue des dégâts, certains se plaignent de soldes fortement négatifs, les commentaires de traders ruinés fleurissent un peu partout, je fais le tour de quelques systèmes sous surveillance, je vois que Robbo accuse le coup, avec le recul, je trouve qu’ils ont bien limité la casse pour un fond 100% automatisé FOREX.
Cet événement est majeur et aura des conséquences dans les prochains jours, avec le recul, je remercie mon courtier de m’avoir dissuadé de trader cette paire de devises.
Ce que je retiendrai de cette journée, c’est que rien n’est jamais acquis sur le FOREX, et qu’il est important de bien choisir son intermédiaire. ActivTrades garantit le solde négatif et le prend à sa charge si tel est le cas, lorsque je leur demande, ils me disent qu’il n’y a quasiment aucun impact sur leurs clients, ni sur leurs résultats. Je fais le tour des quelques traders avec qui j’ai des contacts réguliers, pas de casse non plus. A priori personne sur le chat du site n’évoque un problème lié à ces événements. Je respire… C’est presque un miracle quand on commence à apprendre que certains courtiers sont au bord de la faillite, sans parler de certains hedges funds…
Il faut toujours garder à l’esprit que l’investissement sur marges est très risqué, l’intégralité du capital est en danger constant, et surtout, il n’y a définitivement pas d’argent facile sur le FOREX, la perspective de gains faramineux pousse la plupart des investisseurs amateurs à abuser de l’effet levier, ce qui conduit le plus souvent à des pertes colossales.
J’apprends à l’instant que mon broker va diviser son levier par 16 pour les gros comptes, ils s’attendent à d’autres accidents de marché, et m’informent que les principaux acteurs en trading automatique vont débrancher leurs systèmes.
La perspective n’est donc pas rose, la semaine prochaine risque d’être mouvementée, c’est le trading à l’état brut…