A quoi cela sert il d’effectuer une étude statistique, si l’échantillon n’est pas représentatif ? Est il cohérent de back-tester une stratégie sur des archives de cotation qui n’ont jamais existé ? Le problème, c’est que de nombreuses archives disponibles sur le net, et même chez votre broker contiennent des erreurs qui n’existent pas.
Prenons l’exemple des faux gaps qui existent sur des contrats à échéance : lors du basculement, il arrive que deux contrats aient des valeurs décalées de quelques dizaines de points, notamment sur certains indices en période de versement de dividendes (Futures CAC 40 entre Avril et Mai), si votre algorithme détecte les gaps daily, ce type de décalage va provoquer des prises de position qui n’existent pas dans la réalité, et donc générer des erreurs dans le résultat de l’étude statistique.
Ce n’est pas la seule erreur qui peut être rencontrée, la plupart des archives de cotation sont en horaire GMT, qu’en est il de la gestion de l’heure d’été ? Comment gérer ce décalage sur un algorithme qui possède un filtre horaire ? Il y a aussi les “erreurs” de cotation, les “trous” sans compter que selon le cas, chaque courtier propose ses propres cotations, avec des liquidités qui ne seront pas équivalentes, ce qui provoquera des écarts de cotation significatifs lors de gros mouvements.
Enfin, la gestion du spread peut aussi se révéler problématique, le prix est en général fixé sur le Bid (Prix offert), sur lequel on ajoute le spread pour définir l’Ask (Prix demandé), or l’ask est synthétique, puisque sur certaines plateformes (MT4), il ne peut être archivé. Le risque de variation de spread n’est donc pas detecté. Il est pourtant bien réel même sur un actif très liquide comme l’eur/usd, pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’évolution du spread à partir de 23h sur ce sous-jacent, les variations parfois significatives correspondent au manque de liquidité et d’investisseurs durant cette période car les marchés majeurs sont fermés.
En s’affranchissant ou intégrant tous ces problèmes, il devient alors possible de créer un algorithme de trading qui pourra se prévaloir d’une stratégie cohérente pour intervenir en réel sur les marchés. Malgré cela, ce n’est en aucun cas un sésame qui assure un gain certain, en effet, une étude statistique s’effectue sur des cotations passées. Quand bien même les cotations sont réelles et fiables, il n’y a aucune certitude que les conditions de marché futures, seront les mêmes que les conditions de marché passées, de plus, il est illusoire de penser qu’une stratégie peut rester rentable éternellement car les marchés boursiers évoluent constamment, de plus certains mouvements correspondent à des stratégies utilisées par des intervenants majeurs.
Un ancien trader professionnel sur un gros desk américain me racontait un jour cette anecdote, tous les jours pendant près de deux années, ils vendaient en masse deux heures avant la clôture pour créer de la volatilité, en rachetant durant la dernière heure pour améliorer les prix de revient. En utilisant un algorithme qui détecte et utilise ce genre de mouvement, la stratégie ne fonctionnera que si l’institutionnel continue à orienter le marché de la même manière, le jour ou il arrête, la performance de l’algorithme deviendra aléatoire…
Il est donc nécessaire qu’un algorithme soit régulièrement ré-optimisé afin de continuer à “coller” aux conditions de marché.
Malgré tout, les avantages du trading automatique sont nombreux, un robot de trading est toujours disponible, il ne dors pas, il réagit en quelques centièmes de secondes, et prend position sans aucun état d’âme puisqu’il n’en a pas. Le biais psychologie est donc fortement réduit, ainsi que les facteurs de stress, mais pas totalement, car le stress se déplace, au lieu de stresser sur la prise de position (ou pas), l’investisseur stresse sur le bien-fondé de l’algorithme : fonctionne-t’il correctement ? Les conditions de marché sont elles cohérentes pour le cas présent, la connexion internet est elle assez fiable pour gérer la position, etc…
Utiliser un algorithme de trading n’assure en aucun cas qu’il n’y aura que des gains engrangés, c’est sur la longueur que peut se mesurer les performances globale d’une stratégie automatisée, mais en aucun cas un robot, ou son concepteur ne peut vous promettre une performance, un taux de réussite, ni même une rentabilité.
Utiliser un algorithme c’est accepter une probabilité que le marché continue à se comporter d’une manière semblable à un passé proche, mais c’est aussi réduire son stress dans le trading, en supprimant une partie du biais psychologique. De plus, même si le risque zéro n’existe pas, le fait d’utiliser un algorithme correctement optimisé, sur un vps toujours en ligne sera toujours plus fiable qu’une stratégie approximative en intervention manuelle à partir d’une connexion internet domestique.
Il ne s’agit pas d’assurer un gain, personne ne peut promettre ce genre de chose, à part sur un placement sans risque à faible taux d’intérêt. En utilisant le trading automatique, ou algorithmique, il s’agit d’augmenter les probabilités de générer des plus-values sur le long terme.